vendredi 12 mai 2017

25. NAMIBIE

                                                 
Avant de commencer cette page sur la Namibie, un petit retour en arrière historique. A la fin de la première guerre mondiale le traité de Versailles a enlevé à l'Allemagne toutes ses possessions africaines. Le Cameroun a été, disons, partagé entre la France et l'Angleterre, le Tanganika a été repris par les anglais. Beaucoup plus tard la fusion du Tanganika et de Zanzibar donnera naissance à la Tanzanie que nous connaissons aujourd'hui. La Namibie passa sous protectorat Sud Africain. Entre les colons allemands et les africains du sud, en particulier les afrikaners, existaient beaucoup d'affinités : d'abord la religion, l'Eglise Réformée, ensuite une hostilité commune contre l'Angleterre, et enfin énormément de similarités culturelles. En fait les afrikaners et les colons allemands s'entendirent tellement bien que ces derniers restèrent en Namibie jusqu'à ce jour. Les liens entre l'Allemagne et la Namibie sont toujours extrêmement forts, ceci grandement aidé par la puissance économique extraordinaire de nos voisins. Le résultat des courses c'est que contrairement à la plupart des pays africains, ici tout fonctionne remarquablement. Les villes et les villages sont impeccables de propreté. Les routes (enfin celles qui sont goudronnées !), la signalisation routière, très entretenues. Une activité économique soutenue. Home away from home !

C'est l'Europe en Afrique. Il est étonnant de traverser un village et de passer de la Bahnhof Stasse à la Kaiser Platz en remontant l'avenue Unter den Linden.

24 Mars  550 km de Maun Botswana vers Kayova Lodge  Namibie.

De belles prairies de fleurs jaunes le long de ma route me mettent dans un état de bucolisme avancé. Tout cela est tellement beau.


Le passage de frontière et la journée, sans problème. Notre guide n'est pas inquiété, au soulagement de tous. 500 m après la frontière, il faut attaquer 100 km de la bonne vielle piste namibienne,bien cabossée. Malgré une petite appréhension ça passe pour moi. Arrivée dans un lodge au bord de la rivière Okavongo. C'est magnifique, sauf que le bord de la rivière est, me dit-on, infestée par des serpents entre autre par  l'affreux mamba noir dont la morsure est définitive. Alors on prend vite une photo et on se ferme à double tour dans sa chambre.
 De jeunes allemandes qui résident dans le lodge, me signalent qu'il y a quelques jours des braconniers ont tué 5 éléphants qui avaient l'habitude de paître sur les berges angolaises de l'autre coté de la rivière. Terribles conséquences de l'avidité humaine. On n'est pas dans le cas où quelqu'un va braconner un impala pour nourrir sa famille.


25 Mars  de Kayova Lodge vers Etosha National Park. Makuti Lodge 25/26/27 mars.

Route sans histoire avec de tous côtés des orages terribles que la plus part du temps il est impossible d'éviter.


Magnifique lodge en bordure de ce parc naturel au milieu duquel on tombe sur un ancien fort allemand dont on se demande bien ce qu'il est venu faire ici. Pour le reste je passe la journée à me balader avec un guide pour découvrir des animaux spectaculaires, si beaux.

Blasebok
Springbok
Impala à tête noire
Outarde royale
Magnifique Kudu

Djambo 
Gnou
Oiseau genre rapace
Oiseau genre cigogne

Oryx
La puissance

Il y en a tant d'autres que je vais vous en faire grâce. Bref un enchantement pendant 2 jours, dont je me souviendrai longtemps.

28 Mars de Etocha à Omaruru 430 km

Arrêt casse croute à Otjiwarongo qui comme son nom ne l'indique absolument pas est une ville allemande avec la Bahnhof Strasse, le Bierstube etc . . . Tout est propre, nickel, pas un papier ni une bouteille vide par terre. Ici on sent que rien n'est laissé au hasard, tout est organisé, allemand.


Il y a tellement de phacochères qu'ils sont littéralement devenus nuisibles. Il serait peut être possible d'en envoyer en Afrique de l'ouest où ils ont été tellement sur-chassés que les populations sont exsangues. Ici on craint les accidents !


Justement en parlant d'accident, en arrivant sur la piste de sable qui mène à l'excellent Omaruru Game Lodge, je me prends un bon gadin sans gravité sauf pour mon dos qui n'apprécie plus trop mes stupidités. Mauvaise nuit en perspective !


Enfin à l'arrivée on est quand même bien accueilli par les propriétaires suisses qui ont l'art de faire le nécessaire pour recevoir leurs clients en style dans ce lodge somptueux.


La propriété doit mesurer quelques 10 000 hectares et j'ai le temps de faire un dernier safari avant de me coucher endolori et crevé.

Eland de Derby
Waterbok
Gnou noir
Your Highness
28 Mars Omaruru vers Swakopmund 260 km

La douleur et la sécurité me font prendre la grand route bitumée alors que le reste de l'équipe s'engage sur une piste plus qu'incertaine sur ma carte. A l'arrivée, au dire de mes camarades exténués, je pourrai dire que j'ai fait bonne pioche.


En 50 km, on passe de sites grandioses avec encore beaucoup de végétation au désert terrible du Kalahari. Là c'est du sérieux. Il faut avoir le réservoir d'essence plein et de bonnes provisions d'eau. Plus on s'approche de l'Océan Atlantique plus c'est aride. 

Puis la délivrance, c'est la mer glacée de l'Atlantique Sud. Belles plages et surtout bons restaurants où je me régale de poissons et de sushis. Enfin la traversée Océan Indien depuis Zanzibar, vers l'Atlantique bien réussie.


Demain grand départ sur les terribles pistes vers le sud de la Namibie pendant 4/5 jours. Bien sur, une petite pointe de stress dans l'estomac avec cette fichue côte qui ne va pas aimer les centaines de km de tôle ondulée. Il va falloir malgré tout arriver au bout.

Je veux aller au Cap de Bonne Espérance.

30 Mars de Swakopmund vers Sesriem 370 km

Tout d’abord il est nécessaire de refaire les comptes exacts sur la situation de mes petites côtelettes. Je pense que 19 est le chiffre correct : donc 18 côtes cassées plus une récemment au Mozambique, soit effectivement un total de 19. Il faut quand même ajouter qu’il y en a eu 9 qui ont lâché d’un seul coup un dimanche de printemps sur une petite route du Perche. Les choses se sont nettement accélérées depuis 10 ans que je fais de la moto.  Aucune satisfaction particulière à ce douloureux décompte.

Il est également nécessaire de rappeler que depuis 4 ou 5 jours j’ai quitté la région paludique d’Afrique. En conséquence à compter du 25 mars je continue mon traitement anti paludéen pendant encore un mois jusqu’au 25 avril.

Après avoir quitté Swakopmund vers le désert Namib, à  35 km de la mer, en 50 mètres la brise marine disparaît soudain et une chape de plomb me tombe sur les épaules, la température grimpe vers 38°.


C’est le début des terribles pistes du sud Namibie qui traversent le désert de Namib. Ce dernier s’étend en gros sur 1000 km le long de la mer et une largeur de 2 à 400 km. Alors bien sur on s’arrête sur le tropique du Capricorne pour l'inévitable photo.


Des paysages magnifiques, spectaculaires mais lunaires. Des dunes immenses. Si au point de vue de la beauté il n’y a rien à dire, c’est au niveau de la fraîcheur qu’une certaine carence se fait sentir !!!






Entre autre une chose remarquable, tout est clôturé. Même dans les endroits les plus désertiques, où pas la moindre herbe ne pousse, pas la moindre source pour alimenter la faune, pas la moindre tête de bétail, les locaux clôturent. Le sens de la propriété surdimensionné en Namibie. C’est un peu ridicule.

1 Avril de Sesriem vers Maltahöhe   160 km

Nous nous mettons tous d’accord pour prendre un raccourci de 14 km au lieu de faire un grand tour  de 50 km par la piste principale. Je me méfie des soi-disant raccourcis dans le désert et je décide de partir seul au lever du jour. Bien m’en a pris : un océan de sable ! Je mettrais 2 heures d’efforts insensés pour faire ces 14 km.
Malgré la désolation de ce désert on aperçoit de temps à autre de magnifiques oryx avec leurs longues cornes. J’en courserai un avec ma moto pendant quelques kilomètres. Comment se ravitaillent-ils en eau ? Mystère.



Arrivé chez Dilene Roussow, qui doit avoir une petite trentaine et qui gère seule avec un commis une ferme de plus de 15000 ha, Burgdorf. Elle a 1000 têtes de bétail plus je ne sais combien d’animaux sauvages, guépards, rhinocéros, water buck etc . . . dans cette propriété qui est dans sa famille depuis 6 générations. Pour arrondir les fins de mois comme beaucoup de fermiers, elle fait chambres d’hôtes. Prendre son petit déjeuner à 10 mètres de 4 guépards, ça a son pesant de cacahuètes !
Une vie incroyable de solitude mais aussi de richesse avec ce contact permanent avec la faune sauvage.




2 Avril de Maltahöhe vers Luberitz 360 km

238 km de piste qui m’amène d’abord à Helmeringhausen. Helmeringhausen est cet endroit où en 2014, je fais un soleil monumental avec ma moto devant mon copain Helge Pedersen. Cet accident mettra un terme à ce voyage et me renverra prématurément dans mes foyers avec une épaule en miette qui mettra 6 mois à se réparer convenablement.
Je m’arrête bien sur devant chez mon ami Bjorg qui alors m’avait conduit avec sa bétaillère à l’hôpital de Windhoek, la capitale, à 800 km de là. Bjorg est absent et je suis très mal reçu par sa virago de femme. Je pars sans demander mon reste.


A partir de Helmeringhausen, techniquement j’ai réalisé mon objectif qui vous ne l’aurez sûrement pas oublié, était de relier le Cap Nord en Norvège au Cap Argulas en Afrique du Sud. A partir de là également, il va falloir être encore plus vigilant pour arriver au bout en entier. La performance reconnue par mon équipe donnera lieu à quelques célébrations fortement alcoolisées.


S’ensuit 100 km de piste infernale pour retrouver la route goudronnée vers Luberitz. Je me prends un bon gadin dans le sable et incapable de relever ma moto, je prends mes aises en attendant une voiture qui finira évidemment par arriver. J’attends en buvant de l’eau fraîche de ma gourde.


Ambiance zen et cool. Ce qui n’est pas trop cool par contre est la température qui doit taper autour de 40° voire plus. Le reste de cette piste sera cauchemardesque. Plus de mon âge ces plaisanteries-là !

3 Avril de Luberitz à Fish river Canyon 410 km

D’abord une petite série de photos qui a beaucoup amusé mes camarades. Nous étions à Omaruru Game Lodge.






Départ à 7 h de Lubertitz, petit port minier, au bout du monde et en tout cas au bout d’une voie ferrée inutilisable car souvent sous le sable des dunes. Paysage totalement désertique. Des montagnes plateaux, de roches volcaniques noires n’égaillent pas le panorama.




Au kilomètre 290 à la ferme de Seeheim, mon GPS et ma carte m’indique de prendre la piste à droite. Comme contrairement à mes camarades le guide australien n'a pas été capable de m'installer un itinéraire sur mon GPS, je prends sans hésiter cette piste, seul car le reste de l'équipe est loin derrière moi.  Mes camarades qui ont des GPS avec l'itinéraire que l’organisateur avait téléchargé au départ sur leurs appareils, prendront une autre piste beaucoup plus roulante et facile.

Je me retrouve donc seul sur une piste impossible dont on me dira après qu’elle était fermée car trop dangereuse. L’enfer, purement et simplement pendant 30 km avant de récupérer la piste principale. Sable, tôle ondulée, canicule, j’ai eu droit à tout. J'ai autant souffert pendant ces 30 km que pendant la traversée du terrible désert de Strzelecki en Australie. Et ce n'est pas peu dire!
Mais quelle fierté à l'arrivée de la belle performance et de m'en être sorti indemne !

Après mon passage en 2014, donc pour la deuxième fois,  je revois le site du Fish River Canyon : spectaculaire.


4 Avril de Fish river Canyon vers Orange River 160 km

Il fait de plus en plus chaud. La piste est relativement bonne mais comme je sens que je perds de l’adhérence, je préfère m'arrêter pour vérifier la pression des pneus. Finalement tout va bien de ce coté là. Le ravitaillement en carburant va poser problème mais on va se débrouiller avec les moyens du bord.




Au milieu de plusieurs centaines d’hectares de vignobles, en plein désert, arrivée sur la Orange River : le Graal. L’Afrique du Sud est là à 30 mètres de l’autre coté de la rivière. On va bien arriver au bout de ce projet insensé.


La fille à la réception du lodge a vraiment mis le paquet question coiffure, une vraie sculpture !


5 jours de piste, de canicule, de poussière, de sable ont failli me rendre maboule !


Demain encore 40 km de piste et nous passons la frontière.

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