vendredi 12 mai 2017

18. SOUDAN



Jeudi 26 Janvier

Effectivement la journée fut longue à la frontière. Très très longue. Vers les 17 h un vent de sable se lève, pénible pour les yeux. Chacun essaie de s'abriter comme il peut mais le sable s'infiltre partout.
Puis enfin c'est le départ pour Wadi Alfa au bout du lac d'Assouan côté Soudan. Dieu sait si j'ai fantasmé sur cette ville au travers des récits de voyageurs qui y sont arrivés par le sud épuisés par la traversée de déserts terribles. Jusqu'à l'année dernière on ne pouvait passer en Egypte que par le ferry qui partait une fois par semaine mais sans que l'on ne sache vraiment quel jour ! Il y en a beaucoup qui ont croupi pendant des jours et des jours dans le seul hôtel miteux du coin en attendant ce fameux ferry. Wadi Alfa, du bout du monde, je la trouve bien comme je l'ai imaginée, poussiéreuse, sale, écrasée par le soleil. 


Consommer de l'alcool est passible de 10 coups de fouet au Soudan . Et pourtant le premier village traversé après Wadi Alfa porte un nom prometteur !!!


Vendredi 27 Janvier



Le vent de sable me perturbe terriblement pendant les 600 km qui m'amènent à Karima, des rafales de travers m'obligent à compenser en permanence et les grains de sable me piquent le visage comme des milliers de petites aiguilles. Pas trop sympa ! Mais quel bonheur quand même ! Après avoir suivi le Nil pendant 4 heures, à Dongola, je prends à gauche un raccourci de 230 km en direction de Karima à travers un désert total c'est à dire strictement sans aucune végétation.




Pour vous rendre compte de l'aridité de ce pays, il faut aller sur la carte, cliquer sur l'onglet "topo" et aller sur aérienne : c'est impressionnant.

Toujours ce vent chargé de sable qui finit de m'épuiser pour de bon. Je tombe sur mon lit et m'endort tout habillé. 


Le groupe prend ses marques, chacun se positionne selon ses aspirations. C'est assez intéressant à  observer. On ne peut pas dire que l'ambiance est vraiment à la déconnade, tout ça est assez sérieux voire un peu chiant, la présence de femmes nous oblige à surveiller nos manières et notre langage. Tout le monde est très sympathique, la mayonnaise prend bien. La moto représente l'essentiel des sujets de conversation. Comme je n'y connais pas grand chose, je me tais et observe. En ce qui concerne l'organisation général, on peut dire que tout est très encadré, il n'y a pas beaucoup de place pour les initiatives individuelles. Cela me pèse parfois (beaucoup) mais en même temps, il est clair dans mon esprit que, soit je faisais ce voyage avec ce groupe, soit je restais tailler les rosiers à la maison. Impensable de traverser l'Afrique seul en 3 mois. Seul en 1 an ou deux peut être mais pas en 3 mois.

OUPS !
Une fois ce constat fait, il ne reste plus qu'à avaler quelques couleuvres de temps en temps avec le sourire.  Je n'oublie pas que les Anglo-saxons sont des fervents adeptes du french bashing et que par mon attitude en toutes circonstances positive, je dois gagner leur estime. 

Samedi 28 Janvier

Nulle part je n'ai un signale wifi assez fort pour télécharger mes vidéos mais de toutes les façon vous ne perdez pas grand chose  parce ce n'est pas avec une caméra que je suis le meilleur. Loin s'en faut !

Journée de repos à Karima, oasis au bord du Nil, cette veine de chlorophylle qui traverse ces déserts abominables. Ici le moment venu, une vidéo sur le Nil. Peut être un jour !




Au voisinage de la ville surgissent des sables des petites pyramides. Nous sommes à 1500 km au sud de celles du Caire. Celles-ci sont encore plus anciennes, beaucoup plus petites. C'est le moment de faire la photo souvenir.




Dimanche 29 Janvier

Départ pour une journée de 400 km vers le site de Meroe. Notre progression est ralentie par des contrôles de police permanents environ une vingtaine depuis Wadi Alfa. A force, ça agace un peu d'autant que nos aimables flics ne savent lire que l'arabe. Les regarder s’escrimer sur nos passeports est plutôt comique. En fait à chacun de ces contrôles, il est obligatoire de leur remettre la copie du permis de voyage valable entre Wadi Alfa et Khartoum. Après Khartoum il en faudra un autre. La recherche d'une photocopieuse a été compliqué.


L'autre problème que je rencontre est le manque d'essence. Mon réservoir a une autonomie de 300 km ce qui est très limite car s'il y a assez de stations service, une seule sur 20 est approvisionnée en carburant. Un réservoir de 500 km serait nécessaire pour cette superbe moto. Le moment venu une petite vidéo de la ville de Ed Damer où je réussis à faire un plein.




Arrivée près de Meroe, autre site archéologique important. Les petites pyramides sortent du sable comme des champignons. Le cadre est somptueux. Nous dormons à proximité dans un camp où les chambres sont dès tentes. Très confortable.



La moto marche comme une horloge, je touche du bois, mais pour le moment aucun problème si ce n'est l'incompétence notoire du pilote pour la conduite dans le sable.


Demain ce sera Khartoum pour une journée de repos puis le départ vers l'Ethiopie





Après avoir pris nos quartier à l’hôtel Acropole, vieillot mais très agréable, une journée pour visiter le musée national de Khartoum. Je savais pour y avoir été que le nord du pays à Karima et Meroe contenait de nombreux sites archéologiques. Après tout Abou Symbel est juste de l'autre côté de la frontière et il y donc une vrai continuité archéologique.


Ce musée, qui m'a passionné, donc nous montre le résultat de fouilles importantes en Nubie, la province du nord du Soudan. Il y a là des pièces incomparables qui datent d'une époque où en France on subsistait avec des glands et des châtaignes. Un bronze d’Auguste l’air totalement halluciné, il venait probablement d’apprendre une infidélité de Cléopâtre !
Sont également exposées des fresques chrétiennes de l’ancienne cathédrale de Sarsa toujours en Nubie, aujourd’hui détruite. La Nubie était alors totalement christianisée, mais quelques siècles plus tard, l’islam et son sabre ont remis tout le monde d’accord.



Il resterai dans le pays une communauté copte. La fresque principale est une nativité magnifique, polychrome, magnifiquement conservée après quelques 1500 ans.


Puis promenade au bazar de Khartoum avec la foule et les traditionnels étals d'épices et de produits locaux.


Les soudanaises avec leurs foulards au couleurs chatoyantes ont une allure folle. On n’est plus dans le rigorisme égyptien ou autre. Quelques vieux messieurs avec leur sarong et coiffure blanche. Une belle gueule !



Malgré une dernière nuit assez pénible, en pleine brousse, sous la tente (je déteste le camping) je suis sous le charme de ce pays, avec ses deux Nil, ses habitants adorables, jamais la moindre once d’agressivité, de la gentillesse pure.


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