23. ZIMBABWE

A en juger par l’état de ma veste, elle ne pourra pas faire un autre voyage sauf vers mon musée. En plus de la saleté elle part en lambeaux. Il y a d'autres équipements que j'avais acheté pour mon tour du monde et qui sont au bout du rouleau. Ne revenons pas sur ma balise qui s'est complètement délitée en Tanzanie, mais mes bottes de moto n'en peuvent plus non plus. L'écran de mon GPS blanchit complètement et l'appareil sera remisé à mon retour. Quant au pilote, son état est malgré tout assez bon. En tout les cas son moral n'a jamais été meilleur.

Pour reprendre les choses où je les avais laissées en quittant le Mozambique, évidemment la perspective de conduire ma moto pendant les quelques 5000 km qu’il me reste à parcourir, avec une côte cassée ne m’enchante guère. Je pense en particulier aux pistes de Namibie avec leur tôle ondulée de funeste mémoire. Espérons que d’ici là, la douleur se sera atténuée voire aura disparu. Il est de toute façon impensable que je ne termine pas ce voyage commencé en mai dernier au nord de la Norvège.

Maintenant il faut que je vous parle de Stan. Stan, carrure de pilier de rugby, est un vigneron australien de la région de Melbourne sur une propriété assez importante. Il a divorcé  il y a  quelques années. Depuis le départ du Caire, tout le monde sentait que quelques chose n’allait pas avec notre ami qui était triste et isolé. Il s’avère qu’il traverse une terrible dépression à la suite de difficultés avec sa compagne actuelle. Pendant quelques semaines il s’est auto-médicamenté à coup de valium pour pouvoir dormir la nuit. Résultat des courses, incapable de piloter sa moto, il a demandé aux organisateurs de la charger sur le camion pendant un certain temps, lui-même restant dans la cabine. C’est un garçon très sympathique mais très perturbé et au bout d’un certain temps les organisateurs ont manifesté leur agacement devant cette situation. A un certain moment, j’ai estimé que l’attitude de l’un d’eux en particulier était totalement inacceptable vis-à-vis de cette personne en difficulté. J’ai donc décidé de m’en occuper en commençant par passer des heures à l’écouter sans complaisance et à lui tenir un langage de bon sens parfois cruel. Ensuite, il a fallu arrêter les médicaments pour le remettre sur sa moto. La première journée s’est soldée par 3 chutes heureusement sans gravité. Et puis les choses se sont bien améliorées, le moral est meilleur; sur la route il ne me quitte pas d’une semelle, on a bien réduit la picole, enfin il a pris une vraie distance par rapport à ses difficultés. Je pense que de ce côté là la fin du voyage va se passer sans plus de problèmes. Enfin, espérons !

Stan

Première étape au Zimbabwe par la capitale Harare. Bon hôtel... africain! Certains en profitent pour faire l'entretien du camion dans le jardin de l’hôtel parmi les flamboyants et superbes iris.

Le pays mal géré par des anciens combattants pour l’indépendance, s’enfonce dans le chaos économique. Inflation de 1 000 000%, remplacement de la monnaie locale par le dollar américain, PIB au même niveau aujourd’hui qu’il était en 1957!!! Sur les 250 000 colons anglais avant l’indépendance, il n’en reste que 10 000, la plupart expropriés manu militari de leurs fermes, données aux combattants pour la libération nationale plus compétents avec un fusil mitrailleur que sur un tracteur. Presque toutes ces fermes sont maintenant en friche. L’ancienne Rhodésie était autrefois le grenier à grain de l’Afrique centrale et australe; devenu le Zimbabwe, elle est devenue importatrice de denrées alimentaires. Ce n’est pas l’objet de ce blog de rentrer dans certains détails dramatiques de l’histoire de ce pays. De plus amples informations disponibles sur Wikipedia.

13 Mars de Harare vers Maswingo

Deuxième étape, dans un lodge incroyable près du lac Mutirigwe. Construit au milieu de  rochers énormes, il s’intègre parfaitement dans le paysage : babouins et impalas vivent autour des cases. Le lac lui-même est spectaculaire.

14 Mars de Maswingo vers Gweru

Puis c’est le Antelope Parc, une réserve privée, gérée par un ancien fermier, Garry Jones, spécialisée dans la réimplantation en milieu naturel, d’animaux, essentiellement des lions, blessés ou abandonnés jeunes par leur mère. Garry me fait un exposé passionnant sur la situation du pays. Pas la moindre amertume chez ce personnage qui pourtant en a bavé avec le gouvernement actuel. Vers 4 heures du matin, je suis réveillé par les rugissements des lions à quelques centaines de mettre de ma tente. C'est très impressionnant et ça dure jusque vers 7h. Quelques photos et vidéos en dirons plus. 

C’est également aujourd’hui la fête de ma petite fille Loïse pour laquelle j’ai également réalisé cette petite vidéo.

16 Mars de Gweru vers Victoria Fall

Longue étape de 600 km à travers un pays de forêt totalement vide de cultures et d'habitants. Pratiquement aucun relief. On me signale la présence d'une certaine faune sauvage dont je ne verrai jamais ni le toupet de la queue ni le bout d'une oreille sauf sur les panneaux de signalisation routière.

En fait, dans pratiquement tous les pays traversés, on ne rencontre des animaux que dans les réserves ou les parcs. Peut être également dans des secteurs très isolés à l'usage des chasseurs. En tout cas pas à proximité des axes routiers. Trop dommage !

Le long de la route souvent des haies de fleurs sauvages, magnifiques marguerites orange qui poussent partout comme du chiendent pour le plus grand plaisir de mes yeux.

Arrivée à Victoria Falls exaspérés par le harcèlement policier auquel nous avons tous été soumis toute la journée. Pour ma part j'ai été arrêté 12 fois mais le chauffeur du camion d'assistance a lui été arrêté 20 fois. Les caisses de l’état étant vides, les fonctionnaires ne sont que rarement payés. Pour les policiers c'est facile, il n'y a qu'à se mettre au bord de la route et prendre son salaire dans la poche des automobilistes. Quand il y a des étrangers, alors là c'est l'aubaine! Compte tenu de l'arbitraire qui règne ici, il n'y a aucun recours. 

2 jours et 3 nuits d'étape prévus à Victoria Falls.

Tout le monde sera d'accord sur les performances de la noble République du Zimbabwe dans la lutte contre le braconnage des éléphants. L'information n'a pas du passer les portes de mon hôtel dont la décoration a du donner lieu à une abominable hécatombe de ces pauvres bêtes. Les photos sont édifiantes.

Et pendant ce temps la famille phacochère se promène tranquillement dans les jardins municipaux de la ville de Victoria Falls.

Pour illustrer les difficultés économiques du Zimbabwe, mentionnées plus haut, une photo explicite. Il est urgent de virer le ministre des finances !!!

18 Mars Victoria Falls                                                                                                            

PUIS C'EST LE GRAND MOMENT : LA DÉCOUVERTE DES CHUTES VICTORIA

Après ces moments inoubliables au bord et au dessus des chutes du fleuve Zambèze, on me fait la proposition de faire une approche au buffle cafer à cheval dans une réserve près de Victoria Falls. Je suis un peu hésitant à cause de cette côte abîmée mais mes amis et frère chasseurs comprendront que c'est une offre que je ne peux décemment refuser. Et pourtant, j'ai avec les chevaux un antagonisme ancien et réciproque et je pense que c'est la première fois que l'on me voit sur une photo avec un cheval. En tout cas elle fera plaisir à mes petits enfants.

A cheval c'est évidemment plus pratique de s'approcher au plus près des animaux mais par contre pas de les photographier. J'en verrais beaucoup mais de buffles cafer nenni.

Le problème au retour de ma balade à cheval est que je suis paralysé par une douleur musculaire terrible dans le dos au niveau de cette fameuse côte qui m'a lâché il y a une semaine. La position la moins douloureuse est assise. Je suis bloqué toute l’après-midi et j'en profite pour vous écrire ces lignes sublimes. 

Si demain matin je suis encore dans cet état, il me sera totalement impossible de piloter ma moto et alors on envisagera ce qu'il y a lieu de faire. En principe je devais donc partir demain vers le Botswana. Il me reste quelques anti-inflammatoire et espérons que d'ici demain les choses s'amélioreront.            

Finalement la douleur devenue insupportable, je me résous dans la soirée à me faire conduire à l’hôpital : déchirure musculaire à l'endroit de la cassure de la côte. Une piqûre d'anti-douleur me permettra de passer une bonne nuit.   

19 Mars Victoria Falls vers Chobe National Park Bostwana  85 km

Le lendemain, il est malgré tout hors de question de prendre la route et je décide, la mort dans l'âme, de charger ma pauvre moto sur le camion et moi de monter en cabine pendant le temps nécessaire à une guérison complète. Et c'est le départ pour le  Botswana. 

Goodbye Zimbabwe ! avec des sentiments partagés sur ce pays.    

Mon programme pour les 3 semaines qu'il me reste pour finir ce voyage.        

Date	Lieu-Ville	Pays	Distance
19 mars	CHOBE NATIONAL PARK	Botswana	85 km
20-21 mars	GWETA	Botswana	424 km
22-23 mars	MAUN	Botswana	213 km
24 mars	RUNDU	Namibie	633 km
25-26 mars	ETOSHA NATIONAL PARK	Namibie	416 km
27 mars	OMARURU	Namibie	429 km
28-29 mars	SWAKOPMUND	Namibie	260 km
30-31 mars	SESRIEM	Namibie	367 km
1 avril	HELMERINGHAUSEN	Namibie	218 km
2 avril	LUDERITZ	Namibie	233 km
3 avril	FISH RIVER CANYON	Namibie	430 km
4 avril	ORANGE RIVER	Afrique du Sud	164 km
5 avril	SPRINGBOK	Afrique du Sud	170 km
6 avril	STELLENBOSCH	Afrique du Sud	555 km
7 avril	WAEHUISKRANS	Afrique du Sud	184 km
8 avril	CAPETOWN	Afrique du Sud	266 km