Il est 20h, un aéroport flambant neuf, les formalités de police et de douane expédiées d'une manière inattendue en 10 minutes et me voilà avec Fangio au volant d'une voiture du siècle dernier en direction de mon hôtel. Ce garçon, celui que j'appelle Fangio, est un grand maboul, un fou furieux de la conduite. A 140 à l'heure, un gymkhana infernal entre les voitures. A l'arrivée je n'ai plus un poil de sec. Malgré tout une bonne entrée en matière avec les habitudes de conduite locales : en moto il va falloir être hyper vigilant.
Le dimanche n'est pas férié en Egypte et en attendant un coup de téléphone de notre déclarant en douane pour commencer les procédures de dédouanement je fais une petite escapade avec mes nouveaux amis vers les pyramides toutes proches. Auparavant j'avais retrouvé à l’hôtel une partie de l'équipe, Andrew, Mick, les organisateurs et Stan et Terry deux des motards. Nous partons donc à 3 faire les touristes d'ailleurs peu nombreux sur le site à part un bon contingent de chinois dont un groupe qui bizarrement s'amusent à essayer de dévisser des ampoules !
Le harcèlement permanent des vendeurs à la sauvette, des pseudo guides, des chameliers aussi faméliques que leurs montures, des chevaux encore plus maigres que leurs propriétaires, etc, etc... gâche un peu ce paysage extraordinaire. Ils sont pauvres, il faut bien survivre et on leur pardonne volontiers.
Mais où est donc passé le nez du Sphinx ? Puisqu'on a réussi à envoyer des gens sur la lune, la moindre des choses serait quand même de lui refaire son nez ! La pauvre Cléopâtre dont on a beaucoup dit que le sien était ravissant doit se retourner dans sa tombe avec cette affaire. Les égyptiens pensent qu'il est dans un musée en France. Ce n'est surement pas vrai car si on avait voulu prendre quelque chose on aurait pris le Sphinx tout entier.
La ville grouillante de bruits et de monde nous offre des scènes si simples mais qui font le bonheur des photographes.
Baiser egyptien ! |
Lundi 16 Janvier
Le plumeau |
Noël sure Giza |
Toujours bloqué à l’hôtel en attendant pour cette deuxième journée encore, un hypothétique coup de fil de notre transitaire. Toujours pas de moto en vue ! Saga Africa !!!
L'attente engendre l'ennui qui me fait faire des photos depuis le jardin de l’hôtel qui pourraient en cherchant vraiment très bien, avoir un intérêt quelconque.
Mardi 17 Janvier
Au matin, départ pour l'aéroport plein d'espoir de récupérer ma moto le jour même. Fat dreams !!! Je passe la matinée dans le bureau du transitaire et l’après-midi à courir de bureau en bureau pour obtenir un passe pour rentrer dans l’entrepôt d'Egypt Air. Chaque chefaillon, emprunt d'une infime parcelle de compétence, y va de son coup de tampon d'un air aussi autoritaire qu'inutile. Puis retour à l’hôtel. Vu la circulation, il nous faut une heure, une heure et demi pour faire les 20 km qui sépare mon hôtel et l'aéroport.
Ausweiss ! |
Mercredi 18 Janvier
Terry le dormant ! |
Encore une matinée à attendre voire somnoler dans le bureau du transitaire puis l’après-midi à prier dans le fameux entrepôt d'Egypt air que sa seigneurie le forkliftier veuille bien daigner aller me chercher la caisse à l'intérieur de laquelle se trouve ma moto. Finalement un petit billet le décidera à se bouger les fesses. Malgré tout impossible de la sortir ce soir.
De retour à l'hôtel, on me téléphone le soir à 21h pour me dire qu'une voiture passera me prendre avec mon camarade Terry demain à 8h parce que c'est sur c'est demain le grand jour.
Jeudi 19 Janvier
Je me réveille et en ouvrant les rideaux je me demande si je ne suis pas revenu dans ma belle province du Perche, Le Caire sur Avre : un brouillard à couper au couteau on n'y vois pas à 30 m. Les pyramides sont noyées dans la brume.
Le Caire sur Avre ! |
Puis encore une matinée à attendre dans ce bureau minable. Je sens mon ami Terry au bord du pétage de plomb, j'ai un peu de mal à le calmer. C'est vrai que tout cela ressemble à du grand foutage de gueule. Finalement les motos arrivent sous scellée dans l’entrepôt des douanes et la manière dont la mienne est déchargée me dresse les cheveux sur la tête.
à deux doigts de la chute ! |
Drôle de manière de briser les scellées |
On est passé à 2 doigts de la chute du plateau du camion soit une hauteur de 1m50. Du grand guignol ! L'inspectrice des douanes avec qui j'ai sympathisé et qui parle français lève les yeux au ciel en, disant "l'Egypte ! l'Egypte !"
Finalement comme demain est férié nous nous redonnons rendez-vous samedi matin à 8h alors que nous devions commencer notre voyage ce jour là. Inch'allah !
En toute honnêteté ces quelques difficultés n'ont pas une grande importance pour moi et je suis décidé mordicus à ne pas me sur-stresser avec cette histoire. No big deal ! Mais malgré tout the sooner the better !
Tout le monbde est maintenant arrivée et me voilà avec une fine équipe ! Il y a mon cothurne en la personne de Terry, fermier au nord de l'Alberta au Canada. 60 ans , trés sympathique, un peu sourd, un peu perdu dans la pagaille environnante, nous nous disputons gentiment au sujet du pseudo-président Trump.
Un ménage de New York, lui Craig , 65 ans, bavard sympathique et sa femme Cathy 61 ans qui pilotera sa propre moto jusqu'au Cap.
Un australien Stan, space et indéchiffrable, fermier prés de Melbourne.. Duncan et Cindy australiens de Brisbane, la cinquantaine, peu de contacts. Elle pilotera également sa propre moto.
Un autre australien, Adrian, qui vit à Bali et qui partagera sa moto avec avec sa fille de 19 ans.
Donc avec moi une équipe de 9 pilotes avec qui je vais entreprendre un challenge extraordinaire. Enfin un jour peut être !
C'est tout pour aujourd'hui. Sleep tight !
Vendredi 20 Janvier
Tous ceux qui ont expédié leurs motos par bateau , ont réussi à les dédouaner hier au soir: il vont quitter le Caire demain matin et nous laisser derrière. Nous sommes donc 3 à avoir envoyé les nôtres par avion, le moyen de transport le plus rapide, mais c'est nous qui restons bloqués au Caire. C'est le comble ! Nous rejoindrons l'équipe principale dès que notre situation se sera débloquée.
Toute l'équipe profite de la journée du weekend égyptien pour partir en excursion. Pour ma part je prétexte quelque indisposition pour rester à l’hôtel où j'assiste à un magnifique mariage.
Quelques photos dans le centre ville du Caire avec ses beaux immeubles et bâtiments officiels, petites ruelles et une magnifique cathédrale copte. Une journée riche en événements et en stress mais finalement le carnet de passage en douane, le passeport dûment tamponnés, le permis de conduire égyptien émis, l’immatriculation de la moto et les nouvelles plaques posées, après un semaine je peux enfin sortir ma moto de la zone sous douane.
Le petit problème c'est qu'elle ne veut pas démarrer. Le transitaire anglais m'avait promis qu'il laisserait quelques litres d'essence dans le réservoir pour me permettre d'aller faire un plein dans une station près de l’aéroport d'arrivée mais ce salopard a complètement siphonné le réservoir. La panne sèche! Comme en Egypte il est interdit d'acheter de l'essence dans un jerrycan pour des raisons de sécurité, je suis obligé de siphonner le réservoir de mon camarade Terry. Puis il est temps de dire au revoir à l'équipe qui s'est occupée de moi.
Puis enfin c'est l’arrivée à l’hôtel. Enfin ! Un grand soupir de soulagement !
Dimanche 22 et lundi 23 Janvier
L'ami Omar |
Le Caire avec ses 19 millions d'habitants a les stigmates de toutes les grandes villes du tiers-monde, densité de population extrême, pollution, pauvreté et une circulation abominable. La sortie de la ville nous prend, Terry, un guide égyptien Omar et moi, à peu près 3 heures dans les gaz échappements et la poussière. Direction la mer Rouge. Là, c'est la douche froide, je rêvais des romans d'Henry de Monfreid, de felouques, de plateaux coralliens et je tombe sur 60 km de condominium, club de vacances, Dolphin Resort, Malibu Beach, Copacabana Club et compagnie. L'horreur, ça bétonne dur, genre la Costa Brava dans les années 80. Épouvantable. Les endroits intéressants sont rares ou inexistants. De l'autre côté de la mer Rouge au loin, on distingues les montagnes de la côte d'Arabie Saoudite. Après 11h sur ma moto pour 570 km, j'arrive de nuit dans un somptueux hôtel que je ne verrais pas car le départ est prévu le lendemain à 7 heures.
les montagnes vers Qena |
A Qena c'est l'arrivée sur le Nil , fleuve de vie pour tout un pays . Quelques photos, plus que de longs discours !
Puis, c'est l'arrivée à Assouan où je retrouve le reste de l'équipe. J'aurai donc fait 1100 km en 2 jours et je me couche azimuté de fatigue.
Ce soir très peu de réseau WI-FI dans mon hôtel et plus du tout demain. J'essaie malgré tout de faire passer deux ou trois photos parmi les 2 ou 300 prises pendant cette journée fabuleuse.
Demain et jusqu'à mon arrivée à Khartoum, capital du Soudan, le 30 janvier, je n'aurai aucun accès à l'internet. Ne vous inquiétez pas tout ira bien. La balise continuera malgré tout à fonctionner.
C'est incroyable la chance que je peux avoir !
Depuis 3 heures au poste frontière entre l'Égypte et le Soudan, j'ai un peu de répit en attendant que les douaniers et policiers égyptiens veuillent bien s'activer un peu. Kafka, leur mentor doit encore roder dans les parages. L'information la plus récente qui m'est parvenue me laisse croire que nous en aurons pour la journée entière.
J'en profite donc pour me replonger dans mon blog que j'ai un peu laissé tomber depuis quelques jours.Pour rattraper le gros de l'équipe partie une journée avant nous nous aurions pu descendre la vallée du Nil plein sud. En fait, et je ne vous l'ai pas dit pour ne pas vous inquiéter, nous avons su qu'un attentat venait de se produire sur une des routes secondaires qui longe la route principale à une vingtaine de kilomètres. Un camion plein de militaires s'est fait allumer au bazooka à un check point. C'est pour cette raison que nous avons décidé de faire le détour par la Mer Rouge.
Retour en arrière sur l'arrivée sur le Nil a Qena, la densité de population est considérable et la circulation plus difficile que le long de la mer rouge et dans les montagnes. Il y a un dos d'âne tous les 500 m et la progression se fait au ralenti. Mais tout devient formidablement intéressant. De chaque côté de la rivière plantations de blé, riz, cane à sucre, légumes etc... Les parcelles sont entretenues au petits oignons, chaque mètre carré compte. Heureusement nous faisons souvent des haltes, occasions précieuses de contacts fugaces mais toujours très amicaux. Ça rigole beaucoup. Je suis ravi, j'adore.
Évidemment si le Nil attire les populations, c'est également le paradis pour les animaux et les oiseaux en particulier. Ibis royal, oies du Nil, canards, tourterelles. Je suis sûr que si je mettais Tonio dans les pailles dans les champs en contre bas, il nous sortirait quantité de francolins.
Partout énormément de ces femmes en noir, sinistres, inquiétantes.
Pressé par le temps avec mon compère Terry et l'ineffable Omar, nous passons Luxor pour foncer sur Assouan retrouver le gros de l'équipe.
Le lendemain excursion (tout ce que je déteste) pour visiter ce qui est avec les pyramides la grande fierté des égyptiens à savoir le fameux barrage d'Assouan.
Le guide me saoule avec ses chiffres et ses statistiques et je m'amuse à photographier les bus des innombrables touristes. Mes compagnons pensent que j'ai pris un coup de soleil sur la tête et ils n'ont probablement pas tort.
Puis c'est le temple de Philea, dédié à la déesse Isis sur l'île de Algilki au milieu du lac Nasser.
La magie est là! C'est extraordinaire. Pour compléter ce retour en arrière de quelques milliers d'années des felouques croisent sur le lac. Tableau enchanteur !
Après Assouan, la route qui nous mène à Abou Simbel nous fait traverser notre premier désert. Si je continuai plein ouest, j'arriverais à l'Atlantique en Mauritanie. C'est le début du Sahara. Il fait chaud mais c'est très supportable. Le vent du lac rafraîchit considérablement.
Abou Simbel, encore le résultat d'une passion amoureuse. Cette fois Il s'agit du roi Ramsès II pour sa ravissante femme nubienne Neftari. L'amour toujours! Il en reste un site exceptionnel, une des merveilles du monde dans un état de conservation comme si tout ça avait été réalisé hier. Nous sommes seuls sur les lieux, aucun touriste.
Un son et lumière le soir me donne la chair de poule. Je suis conquis et ému. Cela restera mon plus beau souvenir d'Egypte.
Toujours au poste frontière égyptien. Rien ne bouge. Pour briser l'ennui je fais un tour sur une moto poubelle. On attend. Je suis heureux!
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